Masked Avengers©Linda Dawn Hammond 2001



SOMMET DE QUÉBEC:
JAGGI SINGH LIBÉRÉ, ET QUE CHERCHAIT LE FBI?

Hier, 7 mai, le juge Laurent Dubé de la Cour du Québec ordonnait la libération du militant Jaggi Singh moyennant une caution de 3 000 $ en attendant son procès qui débutera le 4 juin. Selon La Presse, le juge a déclaré : «Nous ne sommes pas encore au procès, a affirmé hier le juge Dubé. Un jour, l'accusé subira un procès juste et équitable. Mon rôle n'est pas de punir mais de prévenir, et je dois me demander si sa détention est nécessaire pour la protection de la société.» D'ici là, Singh pourra s'il le souhaite participer à des manifestations, mais devra garder la paix, s'éloigner s'il y a débordement, et ne pas utiliser un porte-voix pour s'adresser aux manifestants. Singh s'est élevé contre cette condition qui, dit-il, brime sa liberté d'expression et a déclaré vouloir la contester, quitte à porter l'affaire en Cour suprême. C'est donc un procès qui promet.   Avant la libération de Jaggi Singh, circulait sur le Web une pétition adressée au ministre québécois de la Justice Paul Bégin pour réclamer «une révision judiciaire immédiate de la décision de refuser la remise en liberté sous caution de Monsieur Jaggi Singh et que la présomption d'innocence, un principe fondamental reconnu par la Charte des droits de la personne et une valeur de notre système démocratique, soit respectée et appliquée.» Cette pétition circulait sur le Web en anglais et en français (sans interface de signature, fracture numérique oblige). Plus de 6 000 personnes l'ont signée, dont Warren Allmand, ex-Solliciteur général du Canada, Ed Broadbent, ancien chef du Nouveau Parti Démocratique (NPD), Alexa McDonough, chef actuelle du NPD, Noam Chomsky, auteur, chercheur et écrivain, Françoise David, présidente de la Fédération des Femmes du Québec (FFQ), Stephen Lewis, ancien ambassadeur canadien aux Nations Unies, Monique Richard, présidente de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), et David Suzuki, chercheur et scientifique.

 

Une autre retombée du Sommet de Québec est la perquisition dont fut l'objet le Independent Media Center (IMC) de Seattle le 21 avril vers 19 heures. L'IMC de Seatlle, fondé lors des événements de 1999 dans cette ville, est le point de convergence de plusieurs centres des médias indépendants à travers le monde. Le vendredi, 20 avril, des documents contenant les plans de sécurité policière sont volés d'un véhicule de police au cours d'une manifestation. Quelques heures plus tard, ils sont disponibles sur le site Web du Centre des médias alternatifs de Québec (CMAQ), et en traduction anglaise sur le site de l'IMC de Seattle (document 1, document 2). Mauvaise nouvelle pour les groupes militants : à la lecture des documents, il est clair qu'ils ont été infiltrés par des informateurs.

 

Le samedi 21 avril, vers 19 h 00 heure locale, deux agents du FBI accompagnés d'un agent des Services secrets se présentent aux bureaux de l'IMC de Seattle. Ils sont porteurs d'un mandat exigeant que l'IMC leur remette le fichier journal du serveur contenant tous les détails des connexions d'utilisateurs pour les dernières 48 heures, et disent aux responsables présents que des documents contenant l'itinéraire secret du président Bush sont diffusés depuis le site. Cette dernière information se révèle fausse, mais les agents cherchent à retracer l'identité de la personne qui a porté ces documents dans le fonds collectif d'articles de l'IMC. Le mandat contient aussi une interdiction, pour l'IMC, de rendre publique la perquisition et tout détail s'y rapportant.

 

Comme les serveurs qui hébergent le site de l'IMC ne se trouvent pas dans ses bureaux, les responsables du Centre ne peuvent remettre le fichier journal aux agents qui repartent bredouille, sans même exiger le retrait du site des deux documents. Le 27 avril, la même juge qui avait signé le mandat de perquisition levait l'imposition de la consigne du silence imposée à l'IMC de Seattle sur l'affaire. Malgré l'interdiction de publication, la nouvelle s'était cependant répandue dans la presse traditionnelle et alternative.

 

L'Electronic Frontier Foundation (EFF) et le Electronic Privacy Information Center entendent se joindre à IMC de Seattle pour protester contre ce qu'ils qualifient une «expédition de pêche» et une tentative d'intimidation menée contre un organe de presse, et surtout l'imposition de l'interdiction de publication sur les événements.

Chroniques de Cybérie, 1er mai


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